L'ANCIEN MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES Cheikh Tidiane Gadio attaque Wade et son fils Karim dans une longue lettre
Le Sénégal, terre africaine d’érudition, de sagesse, de paix, de tolérance et de concorde, traverse une des plus graves crises de son histoire institutionnelle, politique, économique et sociale des cinquante dernières années.
Pour la première fois, nos compatriotes, pris au garrot par une débâcle socio-économique, politique et institutionnelle sans précédent, se disent ouvertement prêts à toutes les formes de lutte pour le changement– y compris les plus extrêmes - afin de faire face à un double défi :
* l’affaissement des institutions de la gouvernance démocratique, politique et économique, et * la découverte d’un « projet » (d’abord secret et « rampant » et ensuite de plus en plus assumé et « debout ») de dévolution dynastique du pouvoir dans NOTRE République.
Qui l’eût cru ! Comment le pays africain où des citoyens votent depuis 1848, pays qui a enfanté des saints et des érudits au rayonnement universel, des savants d’une envergure exceptionnelle et des leaders politiques de dimension mondiale, peut-il sombrer dans une dérive politique et institutionnelle sans pareil, où en plus, l’incertitude des lendemains politiques et la précarisation socio-économique sont le lot permanent de citoyens vaincus par un présent pénible et angoissés par un avenir sans avenir ?
Pays jadis envié et cité en exemple pour sa riche et belle histoire politique et intellectuelle (pluralisme politique, liberté de la presse, société civile active et dynamique, intelligentsia de pointe, avant-garde culturelle, engagement panafricaniste, armée républicaine, alternance pacifique ornée de gestes d’élégance entre vaincus et vainqueurs…), le Sénégal est aujourd’hui la risée de nos compatriotes africains. Au-delà du continent, notre pays fait de plus en plus face à la grande inquiétude et aux vives préoccupations exprimées, parfois sans détour, par nos différents partenaires en démocratie et en gouvernance.
Aujourd’hui, en dépit des progrès enregistrés dans certains secteurs (progrès au demeurant très relatifs rapportés à ce que nous avons fait d’un demi-siècle d’indépendance), notre pays fait l’expérience douloureuse d’un niveau de souffrance sans précédent des populations en général et des habitants des banlieues et du monde rural en particulier. Pour illustrer ce point, on peut citer entre autres :
* le nombre de plus en plus effarant de jeunes Sénégalais, souvent originaires des banlieues abandonnées ou produits de l’exode rural forcé, qui meurent chaque jour en essayant de traverser l’Atlantique dans des embarcations de la mort ou en tentant une traversée suicidaire du désert du Sahara ;
* les inondations récurrentes des banlieues, alors que des ressources importantes sont allouées à des dépenses somptuaires de prestige comme des locations intempestives de jets privés et des voyages officiels (avec fortes délégations transportées, logées, nourries et payées aux frais du contribuable) et dont les justifications défient souvent toute rationalité. Tout ceci témoigne amplement de la tragique déconnexion des dirigeants du pays avec les priorités d’un peuple qui attend d’abord et avant tout la satisfaction de ses besoins élémentaires et vitaux. Ces besoins sont connus : vie décente pour tous, emplois surtout pour les jeunes, électricité continue et accessible à tous, eau potable pour tous, un toit décent et non inondé pour tous, l’accès à une attention médicale pour tous et surtout pour les femmes qui, chaque jour, meurent tragiquement en couche et pour les enfants qui périssent au quotidien de malaria, l’accès de tous à une éducation décente et à un système d’infrastructures performantes, de base et non de luxe, car les Sénégalais - s’ils avaient été consultés – auraient, à la quasi unanimité, préféré l’achèvement ou la réhabilitation de toute infrastructure routière majeure de désenclavement des régions, ou bien la construction de grandes pistes de production pour l’écoulement des récoltes, à « la plus belle corniche d’Afrique »…
* la multiplication des scandales financiers et l’amplification des formes de corruption, de chantage et de racket des entrepreneurs, du refus de « rendre compte », de l’impunité (réservée à certains), de l’affaissement des institutions et de la mal-gouvernance endémique viennent refermer ce tableau peu reluisant, et constituent sans aucun doute un baromètre du niveau d’insouciance atteint en un temps record par des dirigeants qui, pourtant, avaient fait rêver tout un peuple.
En clair, le Sénégal, qui à l’aube de l’indépendance, avait une longueur d’avance sur beaucoup de pays en développement, a été pénalisé par les agissements de ses élites politiques et des choix faits par ses dirigeants étatiques des cinquante dernières années, même si, au demeurant, la conjoncture internationale défavorable des décennies passées a eu un effet aggravant et amplificateur du profond malaise vécu par nos compatriotes qui sont unanimes aujourd’hui dans leur questionnement existentiel majeur : OU VA LE SENEGAL ?
Face à une telle crise, d’une extrême sévérité sur tous les plans (politique, économique, social et culturel), il est juste de ne pas livrer le sort de notre peuple à une pseudo fatalité ou à des forces extérieures « maléfiques » ! C’est dire qu’il faut appliquer le « primat des causes internes », c’est à dire le courage de se prendre comme cible au lieu de se refugier dans la stratégie qui consiste à blâmer les autres pour nos propres échecs. Il est, en effet, pertinent de se demander : avons nous fait tout ce qui était à notre portée et de notre ressort pour que le Sénégal qui, il y a cinquante ans était au même niveau de développement que la Corée du Sud, puisse éviter d’être aujourd’hui récipiendaire de l’aide et de l’assistance de ce pays devenu lui membre de l’OCDE ?
C’est adossé à une telle analyse que nous décidons de lancer le Mouvement politique citoyen (MPC) car « LUY JOT JOTNA ! » (Il est urgent d’agir !).
Outre le contexte exceptionnel de notre pays qui nous contraint à cette forme d’engagement au service de notre peuple, notre action politique s’inspire aussi de la grande innovation politique et citoyenne de notre temps : le « Grassroots Movement » (ou Mouvement citoyen à la base), et du combat essentiel des Africains du continent et de la Diaspora depuis près d’un siècle et demi pour le Panafricanisme et le Fédéralisme. En outre, nous tirons notre force et fondons notre espérance et notre optimisme dans le coup de semonce historique et le formidable élan de dignité, de résistance et d’opposition du peuple sénégalais au « « projet monarchique », brillamment exprimés lors des élections locales du 22 mars 2009. Ces trois repères ont indubitablement façonné notre identité politique citoyenne.
Notre identité politique marquante est donc d’être des citoyens conscients de leurs responsabilités devant l’histoire et qui refusent désormais de déléguer le pouvoir de décider et de conduire les affaires de la cité, c’est-à-dire nos affaires, à des politiciens professionnels, incarnation par excellence de la politique par représentation et par délégation, figure abhorrée de la politique qui, aujourd’hui, est historiquement en faillite.
Notre identité politique marquante est aussi d’être des citoyens conscients que le Sénégal a besoin d’une levée citoyenne majeure et sans précédent pour venir à bout de la politique politicienne dans ses dimensions les plus repoussantes, car tout n’est pas mauvais en politique puisque la politique dans le sens « de servir » et non « de se servir » est fondamentalement noble et altruiste. Une telle acception, dans notre entendement, va de paire avec notre rejet de la vision manichéenne de la politique qui domicilie le bien chez soi et le mal chez l’autre. Ceci n’est pas conforme à une pensée politique rénovée marquée surtout par l’humilité, l’abandon des certitudes dans le style « il n’y a qu’à… » ; pensée novatrice qui privilégie la recherche systématique des consensus les plus larges possibles. Une telle vision nous placera d’emblée loin du champ des invectives et de toutes les formes d’arrogance, d’extrémisme et de messianisme !
Notre identité politique marquante est en outre la ferme volonté d’être, par delà la critique nécessaire, d’abord et avant tout des forces constructives et des bâtisseurs du présent et du futur et non des adeptes du rétroviseur. Si le passé appartient au passé, le présent et le futur sont nôtres !
Notre identité politique marquante est fondamentalement d’être un mouvement politique citoyen qui croit profondément au renouveau dont est porteur le leadership féminin. L’égalité et l’équité dans le traitement du genre, en plus d’une politique d’autonomisation de la femme et une politique de promotion systématique (institutionnelle et sociétale) de son rôle et de sa place dans la renaissance politique, économique, culturelle et sociale de notre pays, seront des piliers de notre identité, de nos pratiques et de nos politiques dans tous les secteurs.
Notre identité politique marquante est par ailleurs d’être fortement convaincus que seul un vrai débat citoyen, à la base (Grassroots), large, démocratique, populaire, non-élitiste, dans les langues nationales, dans les chaumières les plus reculées jusqu’aux tours les plus hautes des grandes villes, pourrait offrir au Sénégal une véritable renaissance démocratique qui nous permettra une bonne fois pour toutes, comme dans toutes les grandes démocraties, d’enrayer toute possibilité de dérive monarchique ou de tentation de dévolution dynastique du pouvoir, et aussi toute capacité d’un segment du pouvoir d’état (l’exécutif en particulier) à fragiliser les autres institutions d’exercice du pouvoir (le législatif et le judiciaire), mais aussi à marginaliser les mécanismes du contre-pouvoir (la presse, la société civile, etc.).
Le Mouvement politique citoyen ambitionne pour le Sénégal une véritable séparation et un équilibre réel des pouvoirs, en somme un solide système de « Checks and Balance » car le problème principal des dérives étatiques en Afrique, à nos yeux, n’est pas lié à la question du type de régime : parlementaire ou présidentiel ! L’Afrique connait aussi bien des régimes présidentiels que parlementaires qui sont présentement des dictatures féroces et implacables contre leurs citoyens. Pour nous, la vraie révolution institutionnelle et démocratique en Afrique consiste d’abord à rendre le pouvoir hérité des anciens maîtres coloniaux aux citoyens, pleinement reconnus comme étant la seule source légitime du pouvoir en démocratie et en république. Il nous faut par exemple remplacer dans l’imaginaire populaire « Borom Rewmi » (littéralement le « propriétaire du pays ») par « Njiitu Rewmi » (le « dirigeant du pays »), et « Président bi mo ko yoor ! » (le Président est le seul maître du jeu) par « Askan wi rek mo ko yoor ! » (le peuple est le seul maître à bord).
Le Mouvement politique citoyen, pour ce faire, soumettra au Peuple sénégalais le projet d’une nouvelle constitution qui fera partie de ses propositions pour la renaissance démocratique et le renouveau institutionnel du Sénégal. Cette constitution diffusée en version écrite et orale dans toutes les langues du pays sera discutée sur toute l’étendue du territoire national et dans la Diaspora sénégalaise.
Le Mouvement politique citoyen réaffirme haut et fort que l’alternance politique de 2000, dont certains objectifs fondamentaux ont été malheureusement dévoyés, est loin d’être une « mauvaise parenthèse » dans l’histoire politique de notre peuple, « à refermer très vite » comme le prônent certains. Au contraire, elle constitue dans son essence, plutôt un moment historique à magnifier à travers les âges. Oui l’alternance politique de 2000 constitue un exemple à répéter à intervalles réguliers afin d’éviter l’enlisement au pouvoir de dirigeants qui, pour se garantir une impunité, recourent de plus en plus à la « monarchisation » de nos fragiles républiques, entre autres, par une dévolution dynastique du pouvoir d’état, souvent par le biais d’élections massivement frauduleuses.
Le Mouvement politique citoyen, sur un autre registre, salue l’action politique de Bennoo Siggil Senegaal, dans son rôle de partenaire incontournable dans la reconquête et la consolidation de la démocratie et la préservation de la République au Sénégal. Nous réaffirmons notre grande appréciation des résultats obtenus lors des Assises nationales dans un partenariat inédit entre les formations politiques de Bennoo et plusieurs organisations démocratiques de la Société civile.
Pour Le Mouvement politique citoyen, les conclusions de ces Assises constituent une précieuse contribution versée dans la corbeille plus large des multiples initiatives en cours, partout dans le pays et dans la Diaspora, et visant à épargner au Sénégal l’aventurisme destructeur d’individus dénués de valeurs et de principes qui complotent au quotidien le passage en force du projet de « succession dynastique » dans notre pays, projet désormais démasqué et voué à un échec certain et inéluctable !
Le Mouvement politique citoyen salue également les nombreux patriotes et démocrates qui, au sein de la CAP 21, discrètement ou ouvertement, s’opposent au démantèlement des institutions de notre pays de même qu’au complot contre notre peuple que symbolise le « projet » de dévolution dynastique du pouvoir. Ces nombreux patriotes au sein de la Cap 21 ne cachent pas leur révulsion et leur embarras devant les lois dites du reniement comme le retour au septennat, la remise sur pied du Sénat, la création autoritaire du poste de Vice-Président, l’humiliation de l’Assemblée nationale et sa neutralisation, la fameuse et fort embarrassante « Loi Ezzan », etc.
Le Mouvement politique citoyen reconnaît et salue le combat courageux des cadres et ténors du PDS qui tous refusent, pour le moment, de soutenir publiquement ou d’endosser le « projet monarchique » et avouent même en privé leur profonde détestation et leur ferme opposition à ce projet de succession dynastique. Ceci est réconfortant et fait du fameux « projet » une affaire privée totalement isolée et strictement familiale.
Le Mouvement politique citoyen se réjouit aussi profondément de l’émergence au Sénégal d’un nouveau leadership politique, citoyen, jeune, rénové, moderne, très compétent, collée aux réalités du Sénégal qui souffre et qui lutte, loin de la langue de bois et des stigmatisations, adepte du culte du travail et de l’excellence, qui pense, agit, innove tout en s’inscrivant dans la nouvelle ère politique du « YES WE CAN ! » dont OBAMA est le nom et la figure emblématique !
Le Mouvement politique citoyen, devant un tel constat, tend une main fraternelle à toutes les nouvelles forces émergeantes, entre autres, le mouvement Tekki de Mamadou Lamine DIALLO, Demain le Sénégal de, Mansour SY Djamil, le Mouvement citoyen de Bara TALL et Fekke Maci Boole de Youssou NDOUR et à bien d’autres leaders de formations politiques, de mouvements citoyens, d’organisations de la société civile, de mouvements de Femmes, d’associations du monde rural, d’organisations de Jeunes et d’étudiants, de groupements intellectuels, d’organisations professionnelles et de Chefs d’Entreprises, d’organisations de la famille des Arts, de la culture, de la musique, en somme de tous les créateurs de beauté (avec une insistance sur le mouvement citoyen par excellence qu’est le Mouvement Hip-Hop), sans oublier les cadres indépendants et le secteur informel, pour que tous ensemble nous puissions explorer une nouvelle Voie qui pourrait se révéler en définitive comme étant LA VOIE de la Renaissance démocratique, républicaine, politique, économique, sociale et culturelle du Sénégal ! Seule une telle démarche pourrait faire le lit d’une alternative crédible, moderne et conquérante, conçue et exécutée par une large synergie de toutes les compétences du pays et une large coalition de toutes les forces vives de la Nation ! LUY JOT JOTNA !
Le Mouvement politique citoyen réitère, sans ambages, sa conviction que les leaders politiques progressistes (actuels ou anciens) qui ont mené le pays à l’indépendance, accompagné les 50 premières années de la construction de notre jeune nation, qui ont bâti notre démocratie et le prestige du Sénégal dans le monde, dans leur immense sagesse, seront rassurés de constater que la relève générationnelle se met en place pour assumer ses responsabilités dans la conduite des affaires de l’Etat et la construction d’un avenir démocratique et prospère du pays !
Le Mouvement politique citoyen est convaincu que le Sénégal a besoin de plus qu’un « dialogue politique national » tant les blessures infligées aux institutions, au partenariat indispensable entre acteurs politiques, à la cohésion sociale et à la concorde nationale sont profondes. Notre pays et notre peuple veulent une véritable réconciliation nationale :
* Réconciliation immédiate et sincère en Casamance à travers une paix définitive, une amnistie et une réinsertion des combattants, en plus d’un programme prioritaire de reconstruction économique de cette belle et verte région capable d’être la locomotive d’une économie nationale renaissante dans un pays où les trois grandes régions périphériques (du Fleuve, du Sénégal Oriental et de la Casamance) se sentiront aimées, acceptées, respectées, et parties intégrantes et essentielles d’une nation en devenir,
* Réconciliation véritable de la classe politique à travers un code électoral consensuel, une renonciation immédiate et sincère aux tripatouillages incessants de la Constitution (surtout avec le projet scandaleux en maturation de suppression du 2ème tour des élections), un retour aux civilités démocratiques et à l’élégance républicaine, l’arrêt de l’instrumentalisation du religieux à des fins politiciennes et électoralistes, la dépolitisation de l’administration publique au profit d’une administration neutre, forte et respectée, l’égalité de tous les citoyens devant la loi et de toutes les confessions religieuses et communautés confrériques devant l’Etat, la réaffirmation du socle laïc et républicain de notre nation,
* Réconciliation des cœurs et des esprits à travers la renonciation sans condition au projet de dévolution dynastique du pouvoir et l’acceptation de l’effacement de la famille biologique (omniprésente dans les affaires de l’Etat) au profit de la famille républicaine, pour aujourd’hui et pour toujours,
* Réconciliation de la nation autour de l’histoire politique de l’Etat sénégalais en construction et de ses Chefs historiques que sont le couple SENGHOR-DIA et leurs successeurs DIOUF ET WADE dont chacun, avec ses qualités, sa vision et ses limites, aura sans aucun doute marqué l’histoire de notre patrie ! Nous leur devons tous, et en dépit de tout, gratitude et considération ! Si on ne doit pas insulter l’avenir, on ne peut pas non plus renier son passé ! Mamadou DIA, Valdiodio NDIAYE et leurs compagnons historiques, Cheikh Anta DIOP, Majmouth DIOP, Seydou CISSOKHO, Babacar NIANG, Tidiane Baïdy LY, Alioune DIOP, SEMBENE Ousmane, entre autres, doivent être officiellement et solennellement réhabilités et faire leur entrée au Panthéon des illustres fils et filles de ce pays nôtre. LUY JOT JOTNA !
Le Mouvement politique citoyen demeure convaincu que seuls de tels gestes forts ouvriront la voie à la forme supérieure de l’élégance républicaine que constitue « l’amnistie » pour les anciens dirigeants de l’Etat afin de préserver l’essentiel : un pays réconcilié et tourné vers la construction du futur et non vers les rancœurs et les blessures du passé.
Seuls de tels gestes forts pourront aussi redorer le blason terni de notre démocratie et nous propulser à nouveau dans le peloton de tête des pays africains leaders en démocratie et en gestion pacifique des successions au pouvoir. Le Sénégal peut et va encore surprendre le monde et montrer aux autres pays africains frères comment réussir à barrer la route à la succession dynastique tout en préservant la paix sociale et en empêchant qu’on brûle son pays.
C’est en ayant à l’esprit cet élan positif et cette volonté salvatrice, que le pouvoir actuel doit admettre que la vérité précède le pardon et non l’inverse ; et que l’opposition à son tour reconnaisse qu’une véritable culture démocratique de l’alternance pacifique, périodique et normale, doit exclure la propension à menacer et à promettre l’enfer aux dirigeants en place, ce qui installe souvent ces derniers dans la peur et le recours aux projets de succession dynastique comme boucliers de protection post-magistère.
Fort de tout cela, le Mouvement politique citoyen proposera aux Sénégalais dix mesures essentielles et prioritaires autour des thèmes ou enjeux ci-après :
1. restaurer l’état de droit et ses institutions fondamentales, promouvoir le « patriotisme constitutionnel » et le sacerdoce du service public pour une République vertueuse, tout en plaçant le citoyen au début et à la fin de notre système politique et institutionnel ; dans ce cadre rendre l’Administration aux professionnels de l’Administration, en mettant fin à « l’Agenciation » tous azimuts.
2. fonder une nouvelle éthique dans la gestion des affaires publiques et dans la gouvernance des entreprises privées et combattre farouchement la corruption et la mal-gouvernance, en instituant par des lois à l’abri de toute manipulation une véritable « accountability » ou « l’obligation de rendre compte » à travers des mécanismes forts et intangibles qui pourront être actionnés par des magistrats dotés de moyens
constitutionnels d’’auto-saisine et de moyens logistiques de leur véritable indépendance, ou être enclenchés par de puissants mécanismes citoyens comme les pétitions dont un nombre donné de signatures imposera l’ouverture d’une commission d’enquête par la justice ou la mise en place d’une enquête parlementaire ou d’une audition par une commission des élus du peuple ; sans oublier de rendre accessible et opérationnelle la procédure de l’Impeachment (destitution) du Chef de l’Etat si ce dernier piétine la Constitution et les institutions, se met au dessus des lois de la République, ou installe une tyrannie larvée ou ouverte ;
3. favoriser l’organisation d’un jeu politique plus sain et plus crédible entre un nombre restreint de partis politiques à côté d’un mouvement citoyen fort et d’une société civile omniprésente dans le monitoring et le contrôle du système politique tout en réintroduisant l’éthique dans le jeu politique ;
4. redynamiser notre économie par une gestion transparente des ressources du pays, une discipline fiscale et une rigueur budgétaire, un sens des priorités dans les dépenses publiques, une véritable stratégie d’éradication de la pauvreté, et une coopération exemplaire et transparente avec les partenaires au développement et les institutions financières internationales, le tout chevillé sur l’adoption consensuelle d’un document de vision stratégique et prospective « Sénégal Horizon 2035 » ;
5.lancer enfin un véritable programme de développement rural et de développement régional, de même qu’une promotion et une valorisation tous azimuts de notre agriculture et de notre élevage (dans le sens de l’autosuffisance), tout en préservant notre environnement, par une gestion rigoureuse de nos ressources naturelles ;
6. réhabiliter, étendre et dynamiser la base industrielle et renforcer le secteur-clé de la pêche dans notre pays tout en donnant un nouvel élan aux autres secteurs prioritaires que sont les infrastructures, l’éducation, la santé, les Tics, l’énergie, l’environnement, etc., tout ceci en ayant à l’esprit qu’ un défi majeur à relever dans le court et moyen terme est de remplir le cahier de charges pour l’atteinte des OMDs,
7. positionner le Sénégal comme l’un des premiers pays du monde en promotion des femmes et du genre, en respect et protection des droits humains, de la liberté de la presse et de l’action de la société civile, en partenariat avec les acteurs non étatiques, en définition de politiques culturelles et de politiques destinées aux jeunes. Pour cela, il faut doter le pays d’une véritable politique de promotion des femmes, d’une véritable politique culturelle, d’une véritable promotion de la presse et des acteurs de la société civile, et d’une véritable politique de jeunesse, le but étant de lui redonner son leadership culturel, artistique et sportif dans le concert des nations. Il faudra, ici et maintenant, apporter une réponse au défi de l’emploi des jeunes comme étant la réponse la plus adéquate au drame et au mirage de l’émigration,
8. Etablir un véritable pont avec l’immense ressource que constitue la Diaspora sénégalaise présente partout dans le monde ; Diaspora non plus conçue comme « vache à lait » qui se substitue à un Etat défaillant, mais comme une ressource humaine de qualité, respectée, valorisée et invitée à prendre toute sa part dans la construction d’un Sénégal émergent et démocratique,
9. Confirmer le Sénégal dans son statut de « petite grande puissance diplomatique » en consolidant les quatre axes forts que sont la diplomatie de paix, de médiation et de bon voisinage, la diplomatie économique et de développement, la diplomatie panafricaniste et d’unité politique et économique du continent, la diplomatie de souveraineté, à côté d’une revalorisation de la fonction diplomatique et d’une restauration de la dignité de la carrière diplomatique,
10. réaffirmer le leadership de notre pays dans le combat panafricaniste en réitérant dans le serment de tout nouveau Président l’adhésion sans réserve du Sénégal à l’objectif sacré de la réalisation des Etats Unis d’Afrique et en faire même une clause constitutionnelle.
Le Mouvement politique citoyen proclame avec force que le problème N° 1 de l’Afrique se résume dans un seul concept : LEADERSHIP ! Notre continent détient entres ses mains toutes les cartes et tous les atouts qui peuvent lui permettre d’aller à la conquête du 21ème siècle et d’en faire le siècle de la Renaissance africaine et de la réconciliation universelle des peuples du monde dans la vérité, la justice, la démocratie, la Paix et la prospérité des nations. Pour réussir cette mission, la directive de Kwame NKRUMAH est notre boussole « Africa must unite ! » (l’Afrique doit s’unir !) ; et notre viatique sera la conviction de Cheikh ANTA DIOP que « l’Afrique, réconciliée avec son riche passé et ses humanités égypto-nubiennes, peut renouer avec l’initiative historique en basculant sur la pente de son destin fédéral et connaitre un nouvel âge d’or ». Age d’or qui sera un remarquable surgissement et un puissant élan non pas vers le passé mais vers le futur d’un continent qui réclamera légitimement sa place dans le peloton de tête des puissances mondiales !
D’ores et déjà, nous invitons tous nos compatriotes qui partagent notre vision d’engager des concertations citoyennes autour de ce MANIFESTE, de l’enrichir et de préparer notre Mouvement (le MPC) à assumer sa part dans la mission historique de préservation de la paix sociale, de mise en échec du projet de dévolution dynastique du pouvoir et de contribuer ainsi à la renaissance démocratique et institutionnelle du Sénégal.
Pour ce faire, créons sans délai sur toute l’étendue du territoire national et dans toute la Diaspora sénégalaise des Comités du Mouvement Politique Citoyen LUY JOT JOTNA !
Notre premier acte citoyen d’envergure sera une campagne nationale et internationale soutenue contre les velléités de suppression du 2ème tour des élections présidentielles. En plus de constituer chez ses défenseurs l’aveu d’une remarquable angoisse électorale et existentielle, de telles velléités constituent une agression majeure contre notre Constitution déjà en lambeaux et pourraient être fatales aux acquis démocratiques de notre pays. Le MPC invite d’ores et déjà tous les partenaires et alliés à une campagne nationale « Ne touche pas à ma Constitution ! Ne touche pas à mon 2ème Tour ».
Nous participerons aussi à toute campagne ou initiative contre la rétention des cartes d’identité et pour l’inscription massive des citoyens (les jeunes en particulier) sur les listes électorales. Nous nous associerons aussi et immédiatement à la bataille pour un fichier électoral dûment audité et comprenant tous les citoyens qui satisfont les critères et qui le souhaitent. Les vraies démocraties n’ont pas peur d’une participation massive des citoyens au jeu politique et le Sénégal se targue d’en être une !
Qui disait que « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ! », le MPC (en phase avec Fanon) proclame solennellement qu’il a bien découvert sa mission et va, avec l’aide de Dieu, la bénédiction de nos Saints et une grande mobilisation citoyenne, la remplir avec détermination et succès. LUY JOT JOTNA !
VIVE LE MOUVEMENT POLITIQUE CITOYEN
VIVE LA REPUBLIQUE !
VIVE LE SENEGAL !
VIVE L’AFRIQUE UNIE !
Fait à Dakar le 4 avril 2010
(à l’occasion du cinquantenaire de l’Indépendance du Sénégal)
Pour le Mouvement Politique Citoyen
Dr. Cheikh Tidiane GADIO,
PRÉSIDENT DE LA DIRECTION NATIONALE PROVISOIRE
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