Conflit Etat du Sénégal-Sonatel : à la grève comme à la grève
Loin d’une épilogue, le retour à la normale des communications au Sénégal ne pourrait être qu’une trêve, dans la guerre que se livrent l’Etat et la principale société de télécommunications, la Sonatel. L’une des associations consuméristes sénégalaises, Sos consommateurs, proche du pouvoir, a déposé une plainte contre la Sonatel, auprès de l’Artp. Mais déjà, l’agence de régulation aurait frappé à la bourse de la Sonatel, en lui infligeant une amende de 8 milliards de francs après la brouille des lignes téléphoniques. Mais cette guerre pourrait ouvrir un nouveau contentieux juridique sous un ciel déjà assombri par de nombreux scandales. Personne ne sait encore par quelle magie, Global Voice a opéré, pour s’octroyer un marché qui doit lui assurer plusieurs centaines de milliards de gains, sans aucun appel d’offre, en violation flagrante du Code des marchés publics. Récemment, un autre opérateur, Globalcom, est lui aussi venu disputer à la Sonatel son monopole sur l’Internet, en vendant des terminaux. Là encore, aucune autorisation préalable de l’Artp. L’affaire s’est décidée par-dessus la tête de la structure qui doit attribuer les autorisations et du ministre de la Communication, muet comme une carpe. Les promoteurs nigérians ne s’en cachent pas, une audience avec le conseiller du président de la République, Thierno Ousmane Sy, peut s’avérer plus efficace que n’importe quelle structure gouvernementale.
La punition, relayée par de nombreux médias sénégalais, est loin d’avoir entamé la détermination des syndicalistes de la Sonatel, prêts à en remettre. « Nous n'avons pas donné de consignes dans ce sens. Les grévistes ont décidé de ne pas relever les dérangements et de ne pas activer les nouveaux services », a déclaré le syndicaliste Mamadou Aidara Diop, sur les ondes de la radio dakaroise Rfm. « Les lignes ne marchent pas toutes seules. Bien qu'elles soient automatisées, il faut, quand même des hommes pour faire fonctionner les équipements », a poursuivi le syndicaliste, sans se laisser démonter.
Du côté de l’Etat, on semble vouloir en finir avec un partenaire regardé de plus en plus comme incarnant les intérêts de la France. Situation d’autant confuse, puisque le plaignant est aussi actionnaire et membre du Conseil d’administration de la société incriminée. Le président Abdoulaye aurait exprimé une vive colère jeudi en Conseil des ministres et au sein du pouvoir, l’idée est de plus en plus évoquée de casser un monopole jusque-là jalousement gardé par la France. Le discours nationaliste, inhabituel alors que la gestion de la Senelec est certainement plus désastreuse, cache des préoccupations monétaires. Les enjeux sont colossaux. Après avoir tenté de dénoncer la licence de Sentel pour la revendre au prix fort, l’Etat du Sénégal s’attaque à la Sonatel pour ouvrir un marché qui explose en Afrique et engranger des centaines de milliards. Karim Wade, initiateur de cette surtaxe sur le téléphone, a un argument de taille : il veut financer les grands chantiers initiés alors que le Sénégal traverse une grave crise financière, dans un contexte international lui aussi difficile.
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